A l’AGIRC, le régime complémentaire de retraite des « cadres » du privé, les femmes de l’encadrement perçoivent une pension en moyenne inférieure de 60 % à celle des hommes (selon les données statistiques de l’AGIRC-ARRCO)

En cause, la prise en compte de toutes les années de carrière pour le calcul de la pension qui amplifie les inégalités de salaire et de carrière dont elles sont victimes : à qualification égale, les femmes diplômées sont moins rémunérées que leurs homologues masculins et leur développement de carrière est bridé ou bloqué. Elles sont ainsi moins nombreuses à accéder à des postes de responsabilité (plafond de verre) et elles n’y accèdent que beaucoup plus tardivement.

La double peine pour les femmes ingés, cadres et techs :

La prise en compte de toute la carrière va encore plus pénaliser les femmes cadres et assimilées.

L’exemple de la retraite complémentaire des cadres du privé, l’AGIRC, démontre ce qui arrive aux femmes quand on prend en compte l’ensemble des annuités dans le calcul de la retraite : elles ont une pension AGIRC de 60 % inférieure à celle des hommes. La réforme Macron généralise le principe de prise en compte de l’ensemble des années de la carrière. Cela pénalisera directement les femmes avec des carrières plus sujettes à interruptions et bloquées par le plafond de verre.

La remise en cause des droits familiaux qui limitaient les inégalités

Le gouvernement remet en cause les droits familiaux, singulièrement pour les femmes cadres : eu égard à leur montant de retraite, les femmes diplômées seront en effet exclues du bénéfice de la majoration du nombre de points pour enfants nés et éduqués, appelée à être délivrée sous condition de ressources. Ainsi, ce sera la double peine : des inégalités de pension exacerbées par la prise en compte de l’ensemble de la carrière et par l’exclusion du bénéfice des droits familiaux.

Pour contenir l’impact des inégalités de salaire et de carrière sur le montant de leur retraite, elles devront encore plus que les hommes retarder leur départ en retraite (plus on part tard, plus le montant de la rente de retraite augmente).

Alternatives

Plutôt qu’opter systématiquement pour la restriction des droits, améliorer les ressources pour financer les retraites tout en réduisant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.

A cet effet, lUGICT-CGT propose d’instituer une contribution en faveur de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Strictement patronale elle verrait son taux initial de 1 % diminuer au fur et à mesure que les inégalités seraient elles-mêmes réduites. Cette contribution aurait donc vocation à s’éteindre sitôt que l’égalité salariale femmes/hommes serait obtenue.

Selon les calculs des services techniques des régimes complémentaires ARRCO et AGIRC, la réalisation de cette égalité en 10 ans, aurait permis un accroissement des cotisations tel que, tout déficit aurait été effacé à l’ARRCO pour les quatre prochaines décennies tandis que des réserves annuelles représentant au minimum 13 mois d’allocations y auraient été durablement reconstituées. Quant au déficit de l’AGIRC, il aurait été réduit de près de moitié d’ici 2040.

Le taux national de cette contribution peut être modulé entreprise par entreprise en fonction de l’amplitude des écarts salariaux liés au genre. Certaines entreprises cotiseraient donc au-delà du taux de 1 % tandis que d’autres cotiseraient en-deçà.

La mesure vise donc à encourager les entreprises qui ont d’ores et déjà entrepris de réduire les inégalités salariales liées au genre et à inciter fortement les autres à ne pas rester hors la loi.

Parce qu’elles sont mono-genres ou sans mixité par catégorie socioprofessionnelle 60,7 % des entreprises échapperaient à cette contribution. Le gain attaché à cette mesure resterait toutefois très élevé car les 39,3 % d’entreprises mixtes restantes concentrent 87,6 % de la masse salariale du secteur privé.

En 2011, dans une étude sur le même sujet, le régime de retraite de base de la Sécurité sociale aboutissait à des conclusions identiques. On est donc fondé à considérer que notre système de protection sociale est malade inégalités entre les femmes et les hommes.

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