En dépit des freins introduits par les réformes adoptées depuis 1993, les ressources affectées au financement des retraites ont continué à progresser sans que cela ne soulève au fil des décennies la moindre protestation.

Il y a toujours eu un consensus historique sur une augmentation des cotisations, nécessaire pour améliorer les droits, que ce soit l’âge de départ ou le niveau des pensions.

Entre 1960 et aujourd’hui, la part du produit intérieur brut (PIB) dédiée au financement des retraites est ainsi passée de 5 % à 13,8 %.

Dans son projet de réforme des retraites, le gouvernement a acté que les dépenses de retraites ne devraient pas dépasser 14% du Produit Intérieur Brut.

Le problème ? Elles représentent aujourd’hui déjà 13,8% du PIB et le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera de 6 millions d’ici à 2040.

Le résultat est clairement annoncé par le Conseil d’Orientation des Retraites : sans ressource supplémentaire, ce choc démographique conduira à un effondrement généralisé du niveau des pensions par rapport aux salaires de fin de carrière mais plus important pour les salariés qualifiés que pour les moins qualifiés.

Alternatives

Compte tenu des évolutions démographiques, l’augmentation des ressources est totalement à notre portée, y compris avec la persistance d’un chômage élevé : le financement des retraites est en effet un prélèvement sur le PIB, la masse des richesses créées par notre travail.

Or celles-ci s’accroissent régulièrement, indépendamment du taux de chômage, certes selon un rythme variable chaque année, mais continu au fil des décennies : il suffit donc d’augmenter la part de ce PIB affecté au financement des retraites au fur et à mesure de l’augmentation du nombre de retraités. Concrètement, il faudrait accroître en 25 ans cette part de 6 points, soit 0,24 point par an.

Pour un salarié gagnant 2500 euros brut par mois, cela signifie une augmentation de la part salariale des cotisations de 4 euros par mois et de la part dite « patronale », de 6 euros par mois…

Ces 0,16 % d’augmentation annuelle de la cotisation « salariale », à opérer pendant 25 ans, coûtent beaucoup moins cher que les 2 mois de salaire (soit 16,66 % du salaire annuel)  que la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) recommande d’épargner chaque année  pendant trente ans pour tenter de contenir l’effondrement des pensions,… sans même s’engager à restituer tout ou partie de ladite épargne !

Rappelons-nous enfin que, sans susciter la moindre protestation, l’augmentation des cotisations a été de 0,38 point par an entre 1971 et 1991 (Source Conseil d’Orientation des retraites, séance plénière du 28 janvier 2009), en dépit des crises économiques résultant des deux chocs pétroliers, …

Financer ou pas les retraites, ce n’est donc qu’une affaire de choix politique. En concluant son premier rapport, le Conseil d’orientation des retraites ne disait rien d’autre en constatant que le «  besoin de financement est important mais peut être couvert. Le Conseil ne partage pas l’idée parfois exprimée qu’il sera impossible de financer les retraites. »

 

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